jeudi 13 juin 2013

L'origine (2/2)



Bonjour Messieurs,
J'aurais besoin de vos conseils. Je souhaite devenir call-girl. J'ai visité les annuaires dont vous parlez, mais ils renvoient sur de vraies professionnelles, et je voulais savoir s'il n'y avait pas des sites pour des occasionnelles comme moi. De plus, je ne saurais pas trop fixer les tarifs (j’ai 30 ans, on me trouve jolie en général mais je n'ai pas la taille "mannequin" ). Merci d'avance.

Je cherchais à me persuader que cela ne coûtait rien de demander une information et que, bien sûr, cela n’irait pas plus loin, mais en réalité je me prenais déjà au jeu. Celui-ci devint étourdissant lorsque, très vite, je reçus des dizaines de « messages privés » d’hommes tous plus courtois et bien élevés les uns que les autres, qui proposaient de me guider dans cette jungle et surtout, caressaient l’espoir de devenir mon premier client. L’un d’entre eux me parut, non moins intéressé, mais plus sincère. Il sut me mettre en confiance et nous avons échangé, en une dizaine de jours, peut-être une centaine de mails. Il me parlait de ses voyages, de littérature, et surtout m’expliquait les règles du jeu de ce monde vénal.
J'ai accepté de le voir pour un déjeuner. J'y suis allée plus morte que vive, en ayant mille fois envie de faire demi-tour, mais dans un état d'excitation que je n'avais jamais connu.
J'ai reconnu son regard bleu (celui de la photo qu'il m'avait envoyée) dans le restaurant. Je me suis avancée vers lui, fascinée, comme si le petit chaperon rouge se jetait volontairement dans la gueule du loup. Mais il n'avait pas l'air si méchant de près... Nous avons discuté comme de vieux amis et j’ai pris quelques verres de vin pour me donner du courage. A la fin du repas, quand il m'a dit qu'il y avait un petit hôtel à côté et m'a proposé de l'y accompagner, je n'ai pas été si surprise, même si ce n’était pas prévu. J'ai eu à peine la force de dire oui, seulement celle de le suivre, les jambes cotonneuses et dans un état second. Le rendez-vous s'est bien passé, tellement bien que je me suis dit : « ce n’est que cela ». Le beurre et l’argent du beurre.
En rentrant chez moi, j'avais l'impression de revenir de très très loin, et je comptais les billets avec un vertige étrange. Pourtant, par méconnaissance du marché, j'étais loin à l'époque de mon tarif actuel, mais cela me paraissait déjà énorme. Je me suis précipitée dans un grand magasin et j’ai tout « claqué » dans une superbe robe noire en soie. Puis je suis rentrée à la maison accueillir ma famille qui venait fêter mon anniversaire.
Ce premier client a beaucoup compté pour moi. Notre histoire a été un peu compliquée par la suite, mais il continue, tous les ans, de me faire un petit coucou à l’occasion de ce jour « doublement mémorable ».

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