mercredi 3 novembre 2010

La légitime

On ne peut pas s’empêcher, bien sûr, de penser à l’Autre. Est-elle blonde, brune ou rousse ? est-elle vieille ou jeune ? encore jolie ou décatie ? coincée, blasée, tendre ou cassante ?
Cette curiosité est souvent satisfaite, car rares sont les clients qui ne parlent pas de leur épouse à un moment ou à un autre du rendez-vous (je préfère après, pour ma part, mais c’est parfois avant, en tout cas rarement pendant, heureusement).
Je dois tout de suite préciser qu’ils en parlent tous avec respect. Un peu trop de respect peut-être.. « la mère de mes enfants »… c’est la traditionnelle opposition de la Maman et de la Putain – mais impossible d’imaginer les deux dans une même femme, évidemment. C’est déjà un début d’explication.
Je suis frappée du nombre de couples qui ne font plus l’amour. Plus jamais. Ils ont perdu le mode d’emploi, tourné la page, parfois depuis des années. Mais sans doute mon échantillon n’est-il pas tout à fait représentatif….
Il y a ceux qui aiment leur femme, la décrivent comme une complice, mais ne peuvent lui avouer tel fantasme particulier – se faire fouetter, la voir en guêpière de vinyl et bas résille, se faire prendre par un gode-ceinture (ou tout ça en même temps), par exemple.
Ils ont parfois essayé de s’aventurer sur ce terrain mais c’est elle qui a bloqué : « on regardait l’autre jour un reportage à la télévision sur les clubs libertins et ma femme a dit : mais c’est vraiment des malades ces gens-là ! j’ai compris que je ne pourrais jamais lui parler de mes envies ».
Il y a ceux qui le vivent mal, qui ne cessent de penser à Elle, même lorsqu’ils font l’école buissonnière. Un jeune homme m’a ainsi soutenu qu’il était minable quand il pensait à ce qu’il Lui faisait, les larmes aux yeux (c’était juste avant qu’il me chevauche sauvagement).
Il y a ceux qui le vivent trop bien, comme ce récent fiancé qui m’a sorti les photos de sa promise à peine les ébats terminés (« elle est belle, hein ? »).
En tout cas Mesdames, si vous tombez par hasard sur ce blog, sachez que vos maris vous aiment toujours, qu’ils vous désirent bien souvent, mais qu’ils ont besoin parfois d’un petit moment d’évasion. Cela ne prête pas à conséquence, il n’y a pas –en principe- d’implication sentimentale, en vous le rend en bon état, détendu, rasséréné, et prêt à être de nouveau un bon époux, un bon père… jusqu’à la prochaine incartade !

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