lundi 6 décembre 2010

Dionysos

Nul ne sait comme lui célébrer la beauté féminine : louer nos courbes, la douceur de notre peau et jusqu’à nos parfums intimes qui, dit-il, l’enivrent. Il se mettrait à genoux devant une statue de chair, et parfois je me demande s’il ne se satisferait pas de nous regarder, de nous humer.
Son antre est chaleureux, on s’y sent tout de suite chez soi – meubles luisants, tapis bigarrés, miroirs, livres anciens, vagues senteurs de l'ambre… là, tout n’est qu’ordre et beauté, luxe, calme et volupté. Il rappelle les périples lointains que le propriétaire des lieux, lorsqu’on l’en prie un peu, aime évoquer longuement… Ses récits nous font parcourir l’Afrique, l’Amérique du Sud, trembler et rêver…
Il sait nous attirer, ses mots sont des caresses qui préparent ou prolongent le moment des retrouvailles. Il n’oublie pas de flatter notre gourmandise et connaît le péché mignon de chacune des belles de son harem…
Car s’il a le talent de nous faire sentir unique le temps d’une soirée, il n’en a pas moins un véritable harem, dont il associe parfois les membres pour des soirées dignes des fêtes antiques, de véritable agapes où le vin (ou le champagne) coule à flots, où les mets sont de choix, et où Lesbos lui offre un spectacle délectable…



Il ne déteste pas non plus jouer simplement les entremetteurs, faisant se rencontrer deux complices, la métisse africaine et l’asiatique, la jeune fille et la femme mûre, pour des initiations ou des partages, des massages qui dégénèrent et des surprises qui déroutent.
Il va jusqu’à emmener en voyage l’une ou l’autre, ou même les deux (je me suis laissée dire qu’il y en eût parfois encore plus…), se fait Cicerone, compagnon des plus plaisants, communiquant ses enthousiasmes, incitant par son exemple au Carpe Diem.
Il aurait dû naître à l’époque antique, au bord de la Méditerranée, et vivre de vin, de soleil et d’amours variés. Je l’imagine couronné de lierre, une grappe de vigne à la main, entouré par ses Ménades et organisant avec elles des Mystères sulfureux.
A défaut, dans notre triste XXIe siècle, il sait enchanter des moments particuliers, hors du temps, et se faire le chantre d’une féminité qui lui doit tout, car tel Pygmalion, c’est bien son regard, ses caresses et ses mots qui nous créent, nous qui ne sommes qu’argile molle entre ses mains.