vendredi 15 février 2013

Comédie humaine

Un trader, un agent immobilier, un chercheur en biologie moléculaire, quelques experts-comptables, un architecte, deux journalistes, un étudiant, un écrivain, des responsables informatique, un publicitaire, un avocat, des banquiers, un ancien militaire, deux scénaristes, un diplomate, one hedge funds manager… comment, dans une petite vie toute simple d’employée de bureau, aurais-je pu rencontrer tous ces hommes-là, et avoir la chance d’entrer (un petit peu) dans leur univers ?
Comment, en si peu de temps, aurais-je pu croiser la route d’un chasseur de papillons, d’un ancien pilote de F1, d’un organisateur de festival de jazz, d’un collectionneur de Calder, d’un archéologue, de plusieurs grands connaisseurs de vin, d’un amateur d’incunables, d’un aviateur, d’un passionné d’opéra ?
Ce kaléidoscope de personnalités, de goûts, d’expériences est d’une richesse qu’on ne peut connaître dans la vie « réelle ». Bien sûr, on pourra m’objecter que pour pouvoir vraiment faire mon Balzac, en plus du talent, il me faudrait fréquenter des balayeurs, des immigrés sans papiers, et même un instituteur ou un aide-soignant, pour connaître leurs vies à eux aussi.
Mais, heureusement, je ne cherche pas l’exhaustivité – juste la diversité.


vendredi 8 février 2013

Ce qu'il me faut, Alfred de Musset



Chantez, chantez encor, rêveurs mélancoliques,
Vos doucereux amours, et vos beautés mystiques
Qui baissent les deux yeux ;
Des paroles du coeur vantez-nous la puissance,
Et la virginité des robes d’innocence,
Et les premiers aveux !
Ce qu’il me faut à moi, c’est la brutale orgie,
La brune courtisane à la lèvre rougie,
Qui se pâme et se tord ;
Qui s’enlace à vos bras dans sa fougueuse ivresse,
Vous étreint et vous mord !
C’est une femme ardente autant qu’une Espagnole,
Dont les transports d’amour rendent la tête folle
Et font craquer le lit ;
C’est une passion forte comme un fièvre,
Une lèvre de feu qui s’attache à ma lèvre
Pendant toute une nuit !
C’est une cuisse blanche à la mienne enlacée,
Le regard embrasé d’où jaillit la pensée ;
Ce sont surtout deux seins,
Fruits d’amour arrondis par une main divine,
Qui tous deux à la fois vibrent sur la poitrine,
Qu’on prend à pleine mains !
Eh bien ! venez encor me vanter vos pucelles,
Avec leurs regards froids, avec leurs tailles frêles,
Frêles comme un roseau,
Qui n’osent de leurs doigts vous toucher, ou rien dire,
Qui n’osent regarder et craignent de sourire,
Ne boivent que de l’eau !
Non, vous ne valez pas, ô tendres jeunes filles
Au teint frais et si pur caché sous la mantille
Et dans le blanc satin,
Non, dames du grand ton, en tout, tant que vous êtes,
Non, vous ne valez pas, femmes dites honnêtes,
Un amour de catin !

Alfred de Musset