Bonjour Messieurs,
J'aurais besoin de vos conseils. Je souhaite
devenir call-girl. J'ai visité les annuaires dont vous parlez, mais ils
renvoient sur de vraies professionnelles, et je voulais savoir s'il n'y avait
pas des sites pour des occasionnelles comme moi. De plus, je ne saurais pas
trop fixer les tarifs (j’ai 30 ans, on me trouve jolie en général mais je n'ai
pas la taille "mannequin" ). Merci d'avance.
Je
cherchais à me persuader que cela ne coûtait rien de demander une information
et que, bien sûr, cela n’irait pas plus loin, mais en réalité je me prenais
déjà au jeu. Celui-ci devint étourdissant lorsque, très vite, je reçus des
dizaines de « messages privés » d’hommes tous plus courtois et bien
élevés les uns que les autres, qui proposaient de me guider dans cette jungle
et surtout, caressaient l’espoir de devenir mon premier client. L’un d’entre
eux me parut, non moins intéressé, mais plus sincère. Il sut me mettre en
confiance et nous avons échangé, en une dizaine de jours, peut-être une
centaine de mails. Il me parlait de ses voyages, de littérature, et surtout
m’expliquait les règles du jeu de ce monde vénal.
J'ai
accepté de le voir pour un déjeuner. J'y suis allée plus morte que vive, en
ayant mille fois envie de faire demi-tour, mais dans un état d'excitation que
je n'avais jamais connu.
J'ai
reconnu son regard bleu (celui de la photo qu'il m'avait envoyée) dans le
restaurant. Je me suis avancée vers lui, fascinée, comme si le petit chaperon
rouge se jetait volontairement dans la gueule du loup. Mais il n'avait pas
l'air si méchant de près... Nous avons discuté comme de vieux amis et j’ai
pris quelques verres de vin pour me donner du courage. A la fin du repas, quand
il m'a dit qu'il y avait un petit hôtel à côté et m'a proposé de l'y
accompagner, je n'ai pas été si surprise, même si ce n’était pas prévu. J'ai eu
à peine la force de dire oui, seulement celle de le suivre, les jambes
cotonneuses et dans un état second. Le rendez-vous s'est bien passé, tellement
bien que je me suis dit : « ce n’est que cela ». Le beurre et
l’argent du beurre.
En
rentrant chez moi, j'avais l'impression de revenir de très très loin, et je
comptais les billets avec un vertige étrange. Pourtant, par méconnaissance du
marché, j'étais loin à l'époque de mon tarif actuel, mais cela me paraissait
déjà énorme. Je me suis précipitée dans un grand magasin et j’ai tout
« claqué » dans une superbe robe noire en soie. Puis je suis rentrée
à la maison accueillir ma famille qui venait fêter mon anniversaire.
Ce
premier client a beaucoup compté pour moi. Notre histoire a été un peu compliquée par la suite, mais il
continue, tous les ans, de me faire un petit coucou à l’occasion de ce jour
« doublement mémorable ».
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