mercredi 3 novembre 2010

Dilettante

Il m’arrive souvent de penser aux autres, aux « vraies », celles qui ne jouent pas, qui ne font pas semblant d’être une escorte, celles pour qui c’est avant tout un gagne-pain.

 Comment font-elles quand le désir s’éloigne, quand le porte-feuille n’est plus gonflé de billets, mais qu’il faut payer le loyer ou la cantine du petit dernier ? Comment réussir à sourire, à faire plaisir, quand on n’a qu’une envie, rester au chaud sous la couette ?
Pour moi c’est facile bien sûr, je ne connais pas ces problèmes. Si Vénus s’éclipse dans mon ciel, j’attends le retour d’une constellation plus propice. Si je n’arrive pas à quitter mes jeans et mon col roulé, j’attends le printemps. Parce que j’ai les moyens de le faire, que ce n’est qu’un « hobby », lucratif certes, mais non nécessaire.

Et je ne parle pas ici de BKK ni de Madagascar, ni des chinoises de Strasbourg Saint-Denis, ni des africaines du foyer Sanagotra – je ne peux avoir l’audace de comparer ma situation à la leur, ni de deviner ce qu’elles ressentent. Je pense seulement à mes « collègues » moins chanceuses, celles qui ont choisi de ne faire que cela (ou qui n’ont pas trop eu le choix) mais qui exercent dans des conditions plutôt bonnes… si ce n’est qu’elles, elles n’ont pas vraiment la possibilité de refuser ou repousser un rendez-vous parce qu’elles sont fatiguées ou qu’elles n’ont pas bonne mine en ce moment.
Celles qui vont « au turbin » sans interroger d’abord leur libido, qui surmontent leur lassitude, se forcent à endosser leur déguisement de femme idéale et réussissent l’exploit de ne pas donner au client un seul soupçon… qui parviennent à lui faire croire que son impatience était partagée, que leur plaisir était au moins équivalent, alors qu’elles ne rêvent que de rentrer chez elles….
A toutes celles-là, la dilettante que je suis dit sincèrement : chapeau, l’artiste !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire